En lisant le compte rendu du séminaire tenu en 2004 au Centro Interuniversitario di Studi Quebecchesi de l’Université de Bologne et intitulé Paroles et images amérindiennes du Québec, le lecteur nord-américain devra contenir son ambivalence. Que peut-on voir quand on regarde de si loin ? Pourtant, l’ouverture d’esprit est au poste et le recours est constant aux témoins fiables que sont Rémi Savard, Serge Bouchard, Jean-Jacques Simard, Bernard Assiniwi ou Michel Noël. Il n’en demeure pas moins que Lévy-Strauss n’a pas fait disparaître la propension aux certitudes ethnocentristes. « […] je suis convaincue, écrit une auteure européenne, que la distance permet de regarder les choses et les événements de façon plus objective. De loin, on peut plus facilement comparer, car l’implication émotive est moindre. » Peut-être. Que le doute demeure permis. On peut même sourciller, en pensant à Riel et au pays que les Métis croyaient se construire au Manitoba, en lisant ceci : « Le Canada en général et le Québec n’ont pas connu la triste expérience des guerres indiennes de la fin du XIXe siècle qui a au contraire marqué les États-Unis et d’autres lieux latino-américains ».
Ne doutons pas du professionnalisme d’un tel séminaire, mais sachons que la pire illusion consiste à croire qu’on les a toutes vaincues.