Le personnage principal de Parfum d’anges, roman qui fait suite aux Chemins de papier de la même auteure (JCL, 2002), semble être Aurélia Fortin, belle dame distinguée de près de 80 ans qui vit seule à Sainte-Rose-du-Lac, au Saguenay. Autour d’elle gravitent plusieurs autres personnages, légèrement stéréotypés mais tout de même de commerce agréable, comme Pamphile Côté, le vieil antiquaire qui touchera le cœur d’Aurélia, et la jolie Marie-Ève Saint-Amour, enceinte de son tendre et charmant amoureux, le notaire Jean Huot.
Si Gilles Ducharme semble relégué au troisième plan au vu de la trame d’ensemble, il y a pourtant lieu de croire que c’est à lui que l’auteure a consacré le plus d’énergie, voire d’intérêt. Cet ex-amoureux de Marie-Ève est un charmeur, un menteur et un joueur compulsif qui souffre de troubles mentaux. Depuis quelque temps, « une voix » l’a convaincu qu’il ne peut gagner au jeu que s’il entretient des contacts avec son ex-petite amie, qu’il se mettra par conséquent à harceler afin de renouer avec elle.
Hélène Potvin semble prendre plaisir à nous décrire le cas de Gilles Ducharme sous deux angles distincts et complémentaires : la perspective de Marie-Ève, terrifiée par les menaces de son ex, déséquilibré, dont elle préfère taire les agissements à son entourage, et celle de Gilles Ducharme lui-même, qui se confie à Aurélia et dont on voit toute la détresse. Dangereux, peut-être, mais pas méchant, en fait.
Cette intrigue assez prenante donne lieu à un suspense efficace et à un dénouement touchant ; elle est malheureusement présentée presque comme secondaire par rapport à la vie d’Aurélia et de ses gentils amis. Il en résulte un roman assez long avant de démarrer, d’autant plus que le style de l’auteure demeure convenu. La tension créée par les agissements de Gilles Ducharme saisit le lecteur pendant le tiers central de l’histoire, après quoi le récit, si sympathique soit-il, se termine par un anti-climax sans surprise.