La biographe n’a jamais rencontré Oriana Fallaci, célèbre journaliste et écrivaine italienne décédée en 2006, laquelle s’est d’ailleurs vivement opposée de son vivant à toute proposition de biographie. Le neveu héritier fera néanmoins appel à Cristina De Stefano pour raconter la vie et l’œuvre de celle que l’on surnomma la star du journalisme. De Stephano épluche les archives avec minutie, y découvre des inédits, scrute les écrits, articles, essais, romans, et recueille un nombre impressionnant de témoignages de tous horizons.
Le préambule nous invite dans l’avion qui ramène Oriana, atteinte d’un cancer en phase terminale, de New York, où elle a vécu une grande partie de sa vie, à Florence, sa ville natale. Puis la biographe remonte le temps jusqu’à la rencontre d’Edoardo Fallaci et de Tosca Cantini, parents d’Oriana née en 1929. Celle-ci leur vouera toute sa vie une admiration sans failles. De parents de condition modeste, mais politisés et cultivés – lecteurs, ils prénomment leur aînée en référence à la duchesse de Guermantes –, Oriana accompagnera dès quatorze ans son père antifasciste dans la résistance contre Mussolini. Expérience cruciale qu’elle n’oubliera jamais. Sa vie durant, elle placera le courage tant physique que moral au sommet des vertus.
De Stefano retrace sa carrière de journaliste, à son apogée dans les années 1960. Alors correspondante de guerre, Fallaci affronte le danger et réussit, là où plusieurs échouent, à interviewer des chefs d’État et d’importants personnages politiques. Ses articles traduits en plusieurs langues lui valent la notoriété mais aussi la controverse, car elle dérange, la Fallaci, elle n’hésite pas à confronter les grands de ce monde et, ne croyant pas au journalisme objectif, à prendre parti.
De Stefano fouille l’œuvre de l’auteure qui figure parmi les grands écrivains populaires italiens du XXe siècle. Ses essais et recueils d’articles se rapportent à l’actualité internationale, à ses préoccupations et à ses engagements ; ses romans, eux, puisent dans sa vie privée. Les plus connus, Lettre à un enfant jamais né et Un homme, transposent, pour l’un, la question de l’avortement à laquelle Fallaci a été personnellement confrontée, et pour l’autre, la vie du révolutionnaire grec Aléxandros Panagoúlis, le seul parmi ses nombreux amants avec qui elle a partagé son quotidien. À la fin de sa vie, Oriana Fallaci travaillera en retrait comme une forcenée, défiant le cancer qui la rongera pour terminer son roman familial, mais la mort vaincra.
Oriana, Une femme libre trace le portrait d’une femme passionnée, dont le nom évoque le succès professionnel, mais qui avoua avoir été malheureuse dans sa vie privée.
ORIANA
UNE FEMME LIBRE
- Albin Michel,
- 2015,
- Paris
327 pages
36,95 $
Trad. de l’italien par Sophie Royère
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