Ce deuxième volet d’une ample fréquentation exhume, le terme est à peine excessif, une tranche peu connue de la vie toujours agitée d’Olivar Asselin. Alors que le Québec français se dresse massivement contre la conscription décrétée par le gouvernement central, voici un nationaliste qui se porte volontaire, s’en explique devant une foule médusée et prétend lever une troupe réservée aux francophones. Comme lui-même le redoutait, son rêve ne se réalisera que dans ses aspects les plus frustrants : Olivar Asselin recrutera presque assez de volontaires francophones pour remplir les cadres statutaires, mais l’armée canadienne, fidèle à ses coutumes, dispersera ensuite les francophones dans les divers corps d’armée à commandement anglophone. Olivar Asselin rugira, mais sans convaincre quiconque de la non-nécessité de cet état de faits.
Ce tome de la biographie a donc quelque chose d’étriqué. On y parle de l’armée, telle qu’en elle-même, plus que d’Olivar Asselin. Ce qui subsiste du personnage relève souvent de la sphère domestique : le volontaire, en effet, a endossé l’uniforme en laissant à son épouse l’essentiel du souci familial et le poids des dettes. En fin d’ouvrage, un thème fascinant prend cependant la vedette, étranger lui aussi au nationalisme québécois et aux liens fort particuliers qu’Olivar Asselin entretenait avec lui : les négociations menées pour mettre fin à la guerre de 1914-1918. On y voit le président américain Wilson agir comme arbitre entre des vainqueurs qui n’avaient pas tout à fait gagné et un vaincu qui n’avait pas tout à fait déposé les armes. Pages lourdes d’enseignements et que certains modernes devraient méditer.
Et Olivar Asselin ? On y mesure son amour de la France et on admire une fabuleuse liberté de pensée qui le fait obéir à sa conscience plus qu’à la rectitude politique de son temps. L’exposé s’imposait pour que la biographie maintienne ses hauts standards de rigueur. Méritait-il un tome à part ?