Arrivée au Québec en 1977, Régine Robin clame que jamais, elle ne s’est sentie chez elle en sol québécois. En pages fulminantes, dénonciations au poing, elle cherche et estime trouver mille preuves d’un nationalisme québécois étriqué, nombriliste, paranoïaque. « J’aurais aimé, écrit-elle, avoir un ou une amie intime, Québécois(e), bien sûr, avec lequel (ou laquelle) j’aurais pu parler du Québec tout à loisir… », « mais, conclut-elle, cette grâce ne me fut pas donnée ». On ne peut guère s’en étonner, tant cette universitaire de haut vol s’est depuis toujours emprisonnée comme à plaisir dans une cuirasse aux barbelés menaçants. Dans un vocabulaire apparenté à celui de Marc Angenot (ressentiment omniprésent), elle dénonce le « ressassement obsessionnel de la fixité mémorielle ». En matière sociale, elle croit trouver dans la paranoïa québécoise la source d’une inertie dont le Dominion tout entier ferait les frais : « Il y aurait tant de luttes sociales à mener à l’échelle canadienne, si le nationalisme québécois n’empêchait pas une gauche digne de ce nom d’exister ». Comme si le Canada attendait un signal du Québec pour virer à bâbord !
La charge est si globale qu’elle décourage toute discussion et rend futile tout espoir de nuance. Le « nous » québécois, pourtant scindé presque à parts égales entre fédéralistes et indépendantistes, constitue à ses yeux une orthodoxie vindicative, alors que le vote monolithique des bastions anglophones symboliserait la liberté. Des propos entendus devant la commission Bouchard-Taylor, elle soutire la preuve d’une « régression considérable » : « La religion – contre laquelle s’est faite en partie la Révolution tranquille – est appelée à la rescousse en tant que pilier identitaire de la majorité, fût-ce à titre de tradition, d’héritage culturel, de patrimoine à défaut de pratique ». À la décharge de Régine Robin, disons que d’autres, obnubilés comme elle par un pan d’âneries magistrales, ont aussi mal interprété le travail de la commission Bouchard-Taylor.
Qui veut tuer son chien prétend qu’il a la rage. En l’occurrence, le chien mérite mieux.
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