Malcolm Reid est originaire d’Ottawa. Entre 1966 à 1970, alors qu’il était un jeune correspondant pour le Globe & Mail au Québec, il a écrit The Shouting Signpainters, un essai sur Parti pris, qui a été à la fois revue, maison d’édition et mouvement politique. Attiré par le socialisme et fasciné par la Révolution tranquille, il y présentait, pour le bénéfice des Canadiens anglais et des Américains, un exposé sur la situation politique et littéraire de tendance révolutionnaire et indépendantiste au Québec. Trente-sept ans après la publication de cet ouvrage, Notre parti est pris en est la première traduction en français. À cette occasion, l’auteur a revisité son texte et l’a agrémenté de ses propres dessins. Il y relate des entrevues, des rencontres, des événements auxquels il a participé et qui ont fait de lui un témoin privilégié de cette période d’effervescence qu’ont été les années 1960 au Québec, et plus particulièrement à Montréal. Il y est question de Cité libre, de Parti pris, du FLQ, du RIN, du Mouvement de libération populaire, du Parti socialiste du Québec. Quant aux acteurs culturels, Reid parle de Gérald Godin, Jacques Ferron, Gaston Miron, Gilles Vigneault, Claude Dubois, Hubert Aquin, Gabrielle Roy, Pauline Julien, Clémence DesRochers, Raoul Duguay et bien d’autres. Il mentionne les trois entraves dont les jeunes idéalistes québécois qui rêvaient de révolution voulaient débarrasser la société québécoise : colonialisme, capitalisme et cléricalisme. Il cite également des penseurs et artistes d’ailleurs qui leur ont servi d’inspiration : Jean-Paul Sartre, André Malraux, Frantz Fanon, Bob Dylan.
Le joual est un autre thème auquel Malcolm Reid s’intéresse beaucoup : est-ce une langue témoignant de l’état de colonialisme du Québec, ou une sous-langue ? Faut-il chercher à s’en débarrasser ou plutôt le promouvoir ? À ces questions, posées en 1972, on a sans doute trouvé en partie réponse aujourd’hui.
Notre parti est pris constitue sans contredit un témoignage important et de première main sur le mouvement Parti pris et sur le Québec de la seconde moitié des années 1960. Il est heureux que l’essai de Malcolm Reid soit enfin offert en français.