L’auteure explique, dans la préface, qu’ayant observé, « dans toutes les sphères de la société, le laxisme presque convenu à l’égard de la politesse élémentaire », alors professeure, elle avait voulu aborder le sujet avec ses élèves cégépiens, sans leur faire la morale. De là est né son projet de recherche, puis la publication de cette Petite histoire.
L’ouvrage est invitant : une présentation soignée et aérée, un découpage en rubriques sous-titrées qui aiguisent la curiosité et rendent aisé le repérage. Il peut être lu sans que soit respecté l’ordre de la pagination. Petite histoire, car Deraspe ne vise pas à l’exhaustivité, ayant choisi plutôt la synthèse et l’anecdote, ce qui confère un ton plaisant à l’ouvrage et le destine à un large public. Petite histoire également en raison du contenu historique qui semble servir de prétexte à l’introduction, mine de rien, de certains comportements d’aujourd’hui adoptés souvent au nom d’une pseudo-authenticité, tels le fait de ne pas respecter quelqu’un si on ne l’aime pas, d’appuyer ses pieds sur les meubles, de manger du maïs soufflé au cinéma, de garder sa casquette vissée sur la tête en toutes circonstances, etc., etc. On aura reconnu des comportements maintes fois dénoncés, sans la distance qu’y met Deraspe, cependant, avec son choix d’anecdotes remontant jusqu’à l’Art d’aimer de la lointaine Antiquité, choix qu’une riche bibliographie permettra au lecteur plus curieux de refaire à loisir.
Il ressort de ces pages que si les règles de savoir-vivre varient selon les pays et changent au cours des siècles, elles sont pourtant toujours considérées comme indispensables. Question de survie en société et contrepoids à la compétition qui trop souvent réglemente seule les rapports entre les êtres, ou tout simplement délicatesse à la mesure de « l’intelligence du cœur ». Les observer ne rend ni précieux, ni ridicule, la politesse ne sachant se passer de naturel et de simplicité.