François Nourissier n’écrit pas des romans. Il écrit des digressions. Mais sur le moment, on s’en moque, qu’il nous entraîne dans des méandres sans fin et sans but apparent, on remarque à peine qu’il pourrait nous faire tourner en rond, car avec une écriture aussi riche, l’instant présent nous comble. Phrase après phrase, on se laisse hypnotiser. On goûte les mots, l’œuvre d’un géant qui, ni poète, ni penseur, ni conteur, mise tout sur le style, un style sûr où chaque mot porte, et se réinvente quasiment sous nos yeux, serti dans un ensemble littérairement sans faille. On se laisse emporter par le rythme qui se développe puis comme une phrase musicale.
Drôle d’idée, tout de même, de publier une réédition de neuf romans de ce géant dans un format peu pratique, voire peu flatteur : un seul volume de plus de 2000 pages à couverture souple, sans présentation, sans explication, sans bilan autre qu’un « avant-lire » et un « après-lire » plutôt brefs et signés par l’auteur lui-même.
Neuf histoires françaises, c’est en effet, en texte intégral, neuf romans écrits par l’académicien Goncourt de 1958 à 1997 et qui « ont en commun d’être mis en scène dans le décor de la société française telle que je l’ai devinée ou ‘habitée’ de 1935 à la fin du XXe siècle », nous explique l’auteur en quatrième de couverture.
De fait, c’est une vision toute personnelle, assez sensible, très littéraire, que nous livre l’auteur dans ces œuvres solides et châtiées. Les amateurs d’action, voire de contenu, s’en tiendront loin. Les nostalgiques de la pureté du style classique français du XXe siècle se laisseront impressionner par sa plume achevée.