Actrice née à Montréal, Alexandra Stewart a joué dans deux longs métrages emblématiques de la nouvelle vague : Le Bel Âge (1959) de Pierre Kast et L’Eau à la bouche (1960) de Jacques Doniol-Valcroze. Elle n’a alors que vingt ans. Plus tard, elle tourne pour John Huston et Otto Preminger ; elle apparaît dans de multiples rôles secondaires, notamment celui de la secrétaire enceinte dans La Nuit américaine (1972) de François Truffaut.
De son enfance dans une famille britannique montréalaise, elle évoque les mentalités des années 1930 et 1940 à travers le portrait de son père : « À l’image de nombreux Canadiens anglophones, il s’efforçait d’être plus anglais que les Anglais eux-mêmes. Il en était ainsi du choix de ses vêtements, de la nature de ses loisirs, de son appartenance à un club, de la possession d’une maison de campagne et de l’adoption d’attitudes conformes en tout point à ce qui est de rigueur dans la royale Albion ».
À Paris pour ses études à la fin des années 1950, elle devient cinéphile et fréquente la Cinémathèque française, puis tente de devenir modèle pour des magazines de mode. L’agent de Vogue lui donne ce conseil : « Alexandra, tu es bien mignonne, mais tu ne corresponds pas à l’esprit de Vogue […] mets-toi au régime. Salade ! Salade ! Salade ! » C’est l’époque où elle rencontre plusieurs personnalités, de Cocteau à Boris Vian, mais aussi Picasso, qui esquisse son profil sur un coin de nappe. Malheureusement, elle a perdu ce précieux dessin !
Alexandra Stewart décrit de l’intérieur l’effervescence de la revue Cahiers du cinéma et des premiers films de la nouvelle vague, ses nombreuses amitiés (même avec Pierre Elliott Trudeau !), son union avec Louis Malle, et tant de tournages et de souvenirs. De Jean-Luc Godard, elle dira : « […] un réalisateur distant qui, les quelques jours que dura le tournage à Paris, sembla se désintéresser de tout et de tous ». Sur Marguerite Duras : « […] elle soliloquait en buvant et donnait des leçons sur tout ». Alexandra Stewart allait poursuivre sa carrière d’actrice et de modèle durant un demi-siècle. Son livre s’ajoute aux ouvrages plus exhaustifs sur le cinéma français (pensons à ceux d’Antoine de Baecque).
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...