Meilleure étudiante de son lycée, Charlotte Simmons quitte Sparta, en Caroline du Nord, où elle était adulée par ses professeurs et boudée par ses consœurs et confrères étudiants. Promise à un avenir éclatant, c’est le cœur battant et les papillons dans l’estomac qu’elle franchit, dans le pick-up de son père, les portes de Dupont, l’une des plus prestigieuses universités américaines. Élevée dans les traditions, studieuse, respectueuse, timide, ingénue, puritaine et, somme toute, plutôt coincée, Charlotte se trouve brutalement plongée dans une Sodome du XXIe siècle qui n’a rien à envier à la ville biblique !
Tom Wolfe décrit pendant plus de 600 pages les fraternités d’étudiants, les amours anarchiques qui n’ont rien de romantique, les beuveries journalières, les matchs de football, de basket, les coucheries, les sauteries, les mesquineries, les grossièretés, les perfidies qui font le quotidien de la future élite des États-Unis, glandeurs de tout acabit essentiellement préoccupés par la peau des unes et les muscles des autres. Le dernier roman de Wolfe, c’est l’étalage d’imprésentables aspirants à la haute société de demain, le rap d’une jeunesse dépravée, bref c’est « le déclin de l’empire américain », version USA.
Satyrique dans Le bûcher des vanités, dénonciateur dans Un homme, un vrai, Tom Wolfe se fait presque moralisateur dans Moi, Charlotte Simmons tant ses descriptions, ponctuées de « fuck », finissent par hérisser les poils, aussi fins soient-ils !
À 75 ans, dans son éternel costume blanc, Tom Wolfe multiplie les entrevues pour vanter les vertus de l’hyperréalisme en littérature. Habile dénonciateur de tous les travers de la société américaine, Wolfe n’a jamais fait dans la dentelle. Son dernier roman fait plutôt dans le Phentex. Moi, Charlotte Simmons s’inscrit dans la suite de ses autres livres mais ne les surpasse ni même ne les égale. Choquant ? non, lassant.