Micheline Beauchemin est une artiste reconnue. Le Musée national des beaux-arts du Québec vient de lui consacrer une salle et Laurier Lacroix, historien de l’art et lauréat du prix Gérard-Morisset 2008, vient de publier un bel ouvrage sur ses créations. S’il est vrai que l’œuvre de Micheline Beauchemin est exceptionnelle en ce qu’elle est à la fois tapisserie, sculpture et œuvre d’intégration, la manière dont l’auteur approche l’artiste et son œuvre est elle aussi fort intéressante.
Un, deux, trois, quatre des lieux, des déplacements d’un lieu à l’autre, une ouverture à des cultures autres, l’apprentissage de techniques inconnues, un intérêt pour des matériaux différents. À travers tout cela, un mot : la tapisserie qui enchante l’artiste et qui, avec chaque changement de matériau, prend des allures inattendues. À ces changements, il faut ajouter ceux que connaissent le monde de l’art au Canada, d’une part et, d’autre part, les traditions artistiques parfois changeantes dans ces terres proches et lointaines où l’artiste est allée faire des découvertes.
À la lecture de ce livre, on suppose incalculable le nombre d’heures de conversations entre l’auteur et l’artiste et on devine aisément la confiance qu’elle a accordée à cet homme qui nous la fait connaître autrement qu’à travers la quarantaine d’œuvres publiques auxquelles s’ajoutent celles qu’expose le Musée national des beaux-arts du Québec. En effet, rien n’est laissé de côté et l’on sait pratiquement tout du parcours de cette artiste qui a su passer à travers les tourments de ce dernier demi-siècle pour créer une œuvre résolument originale, même si on y trouve des échos contemporains. Il est intéressant, par ailleurs, de voir comment l’auteur s’efface de temps en temps pour céder la parole à l’artiste elle-même ou encore pour aménager un espace à d’autres critiques qui, comme lui, ont développé une passion pour l’œuvre de Micheline Beauchemin.