L’histoire visuelle du Québec est admirablement bien servie par des collections comme « Aux limites de la mémoire » des Publications du Québec. Métier commerçant 1852-1977 commente près de 200 photographies de détaillants québécois ; les plus anciens clichés datant du XIXe siècle montrent des marchés publics de Québec, de Montréal, de Joliette et de Trois-Rivières, tandis que d’autres rappellent le commerce de la fourrure qui existait depuis la Nouvelle-France. Parmi les images mémorables contenues ici, on revoit l’ancien mail Saint-Roch recouvrant la rue Saint-Joseph, une succursale de la Librairie Garneau, ou encore la façade d’origine du vénérable magasin Simons de la côte de la Fabrique, coincé à l’époque entre le restaurant Kerhulu et la bijouterie Birks ; on remarque avec étonnement l’affichage à prédominance anglaise sur cette artère commerçante du Vieux-Québec. Une autre photo montre le premier supermarché Steinberg de Westmount. Ailleurs, on voit des vendeuses courageuses de Dupuis Frères faisant du piquetage en 1952 pour protester contre la violation flagrante d’un droit fondamental : elles étaient victimes de discrimination en raison de leur âge puisque leurs employeurs voulaient remplacer les plus vieilles des employées par des plus jeunes, afin de « rajeunir » l’image de l’établissement. Les pages les plus intéressantes illustrent des pratiques commerciales révolues, par exemple les marchands ambulants de blocs de glace, le laitier, des colporteurs des quartiers populaires, mais aussi ces clients faisant la file devant un comptoir de la Commission des liqueurs (l’ancêtre de la SAQ), où l’on devait remplir une fiche à remettre à un préposé dans un local sans étalage, sans vitrine et sans présentoir. Une limite d’une bouteille de spiritueux par client était imposée afin d’éviter de créer l’accoutumance. Dans un tout autre contexte, un système similaire de commandes avait été instauré par la chaîne Distribution aux consommateurs, spécialisée dans la vente au comptoir et par catalogue de produits ménagers et d’accessoires de maison. On apprécie particulièrement la diversité des villes et régions représentées : le magasin général de Grand-Mère, celui d’Arthabaska ou de Saint-Hyacinthe. Claudine Marcoux réussit bien à contextualiser ces images pour dépasser l’anecdote ou une simple description.
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