Mathu se souvient de ce qui lui semble être la période la plus importante de sa vie. Ou du moins de celle dont il veut léguer le souvenir à son fils. Alors il raconte dans un journal son passé, allant d’anecdotes en événements, d’émotions en fous rires, sans trop tenir compte d’une stricte chronologie. Ainsi court mépapasonlà d’Alain Pierre Boisvert, dont le titre n’est pas sans évoquer le « Papaoutai » de Stromae, tout en lui offrant une réponse positive.
Mathu a connu le grand amour avec Ricky, un journaliste qui travaille pour une station que l’auteur n’identifie pas, mais qui ne peut être que Radio-Canada. Ricky, un Acadien originaire de Cocagne, à la langue ensoleillée par le vernaculaire local quand il se sent libéré des contraintes linguistiques de son emploi : les scènes de dialogues sont alors pur délice. Ricky qui lors d’une « beuverie » en Jamaïque a dans un instant de confusion fait un enfant à Melina Walanda. Il n’en sait rien jusqu’au jour où il reçoit une lettre du ministère de la Justice jamaïcain l’avisant que Melina est morte des suites de la naissance de son fils Jacob maintenant âgé de sept mois et où il est invité à reconnaître sa paternité. L’hésitation est de courte durée : dès qu’ils voient l’enfant, les deux conjoints décident de le reconnaître pour l’un et de l’adopter pour l’autre. Tout le roman se construit autour de cette nouvelle.
Élever un enfant qui a deux papas est un défi que relèvent avec brio, humour et délices les deux hommes. De fait, ce roman est un hymne à l’amour : l’amour des amants, l’amour parental et l’amour filial. Occasion, aussi, de s’attaquer aux préjugés de toute nature, de l’homophobie au racisme (Jacob est noir).
Mathu – Mathusalem de son vrai prénom parce que ses parents souhaitaient qu’il vive longtemps – est un fin observateur de la vie et conte avec ravissement et tendresse la vie du trio. Les scènes qui racontent leurs mésaventures avec la travailleuse sociale puis avec la cour de justice sont un morceau d’anthologie d’humour satirique. Mais Mathu peut aussi exprimer ses émotions, car « entre les rires, les larmes se versent mieux ».
Quelques failles chronologiques se faufilent dans l’œuvre (c’est dommage), mais cela n’enlève rien au plaisir de lecture : on ne s’en aperçoit qu’à la fin.
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