Les écrits scénaristiques de Pier Paolo Pasolini (1922-1975) constituent l’un des aspects les plus originaux de sa production écrite. À la fois cinéaste, théoricien du cinéma, à l’occasion caméraman et par ailleurs écrivain prolifique, Pasolini concevait le scénario comme un véritable texte dramatique et non comme un simple recueil d’indications techniques et de dialogues froids. Plusieurs scénarios de Pasolini avaient été publiés en italien, mais seulement deux d’entre eux avaient été traduits en français (et curieusement, il s’agissait de deux films non tournés): Saint Paul (Flammarion, 1980), rédigé en mai 1968, et Le père sauvage (Les formes du secret, 1980 épuisé), écrit vers 1963.
Le long métrage Médée avait été réalisé en 1969 d’après ce scénario et mettait en vedette la chanteuse Maria Callas, dans ce qui fut son unique rôle au cinéma. Le récit est fidèle à la légende : Jason, qui était à la recherche de la toison d’or, rencontrait Médée sur une île et en faisait son épouse. Inspiré de la tragédie d’Euripide, Médée permettait à Pasolini de poursuivre sa réflexion profane sur le mythe, amorcée durant les années 1960 (après avoir consacré des films remarquables à Jésus et à Œdipe-Roi). Le texte se lit comme une pièce de théâtre, avec peu d’indications scéniques et beaucoup de dialogues soignés.
Le livre propose un dossier très complet, comprenant le scénario intégral (très riche du point de vue littéraire), une transcription des dialogues tirés du film, une entrevue avec Maria Callas et enfin une trentaine de poèmes du cinéaste, rédigés durant le tournage. Sans atteindre la perfection et la force de Saint Paul, sommet inégalé de l’œuvre littéraire de Pasolini, le scénario de Médée offre une lecture originale et stimulante du mythe d’Euripide, qui se retrouve ici réinterprété.