Marshall McLuhan (1911-1980) a été le premier et le plus important théoricien des médias ayant vécu au Canada. Plusieurs de ses formules métaphoriques comme le « Village global » et « le message, c’est le médium » (1957) sont restées célèbres pour leur caractère prophétique relativement à Internet et aux nouveaux médias. Malgré leur complexité, ses livres ont été des succès de librairie : La galaxie Gutemberg (Prix du Gouverneur général en 1962), Pour comprendre les médias (1964), Du cliché à l’archétype : la foire du sens (1970). Devenu une sorte d’icône culturel (comme le sera plus tard Umberto Eco), Marshall McLuhan apparaît même brièvement dans son propre rôle de sommité dans le film Annie Hall (1976) de Woody Allen.
Voici la première biographie traduite en français consacrée à l’influent linguiste canadien. Il ne s’agit pas d’une étude de ses théories sur la communication, ni d’une exploration de ses écrits savants, mais bien d’une biographie, avec des dialogues reconstitués et de multiples anecdotes. On y revit son enfance à Edmonton et à Winnipeg, ses lectures de poésie anglaise et de critique littéraire durant sa jeunesse, ses années d’université au Manitoba, puis ses études doctorales à Cambridge (en Angleterre). Ses préférences littéraires, ses intuitions savantes, ses amours de jeunesse, sa conversion religieuse sont racontées en détail.
Si la vie privée de McLuhan est intéressante, il importe en premier lieu de mesurer et de comprendre la contribution théorique de ce chercheur hors du commun, ce que la biographie ne prétend pas faire ici. Ses ouvrages universitaires sont résumés en quelques pages. En revanche, on découvre la personnalité pessimiste de McLuhan, sa vie familiale, ses nombreux déménagements, ses fréquentations, les différents postes universitaires qu’il a occupés, ses nombreuses distinctions, mais trop peu ses œuvres, évoquées sans être explicitées. Néanmoins, le ton est enthousiaste ; il n’y a pas de temps mort. Cette biographie s’adresserait d’abord aux lecteurs familiers de ses écrits théoriques, ou encore aux adolescents voulant découvrir un homme de science n’ayant pas été médecin ou ingénieur.