Dans ce recueil de nouvelles, l’anthropologue Pierre Crépeau présente une courtepointe d’histoires insolites qui, mises à la suite les unes des autres, tracent les contours de la folie humaine. L’auteur évoque l’impuissance de l’homme à se connaître lui-même et à brider son inconscient.
Les nouvelles prennent parfois l’allure de contes folkloriques, parfois de légendes funestes ou de fresques d’horreur sanguinolentes. L’auteur frôle le fantastique à plusieurs reprises, mais il garde une humanité sentie qui rappelle au lecteur que derrière ces étranges histoires se cache un réel questionnement sur la dérive humaine. Ce livre pose en effet un regard lucide sur la détresse qui affecte souvent la raison jusqu’à plonger l’individu dans la déroute. Les dix années que l’auteur a passées au Rwanda ne sont peut-être pas étrangères à la vive humanité qui traverse le livre. Une humanité qui tente d’ailleurs de lever le voile sur les raisons qui poussent parfois l’être humain à commettre des actes incompréhensibles.
Obsessions, appétit de vengeance, doutes, craintes, désirs inassouvis, hargne cachée, désespoir… tant de choses qui brouillent la raison. Et, un jour, tout éclate et il y a passage à l’acte. Des personnages qui, de prime abord, paraissaient inoffensifs, nourrissent un dessein aux fins tragiques.
Ces récits sont servis par une écriture fluide et tonique. Pierre Crépeau donne des descriptions vivantes de ses personnages qui ont tôt fait de se matérialiser sous nos yeux. Les adjectifs abondent, ce qui donne couleurs et profondeur aux récits. Malgré certaines fins de nouvelles maladroites, Madame Iris et autres dérives de la raisonreste un excellent divertissement ponctué de grands moments philosophiques.