L’auteur dit, d’emblée, qu’il habite une véritable « arche de Noé », que les animaux l’ont aidé à se réconcilier avec lui-même et, aussi, avec l’existence ‘ on sait qu’elle n’a pas toujours été accommodante avec cet écrivain.
Victor-Lévy Beaulieu a bâti une œuvre littéralement magistrale en bonne partie avec ses animaux, surtout depuis son retour définitif à Trois-Pistoles, lieu des origines. C’est dire que les animaux et la culture (lecture, écriture) peuvent aisément coexister. Ma vie avec ces animaux qui guérissent est écrit à la manière d’un récit de vie ‘ le livre comporte en outre de nombreuses photographies des animaux préférés de l’auteur ‘, où affluent des souvenirs se rapportant, évidemment, aux animaux qui acquièrent une si grande importance pour l’écrivain. L’ouvrage s’inscrit de plus dans l’histoire familiale de l’auteur, comme un album nous offrant le parcours de celle-ci. On a l’impression de parcourir un roman, très coloré, incarné et à saveur philosophique qui nous montre que notre grand écrivain est « inconditionnellement du bord des bêtes ».
En hébreu, « Lévy » signifie « conducteur et protecteur des troupeaux ». Dans le cas de l’auteur, cela pourrait aussi dire créateur et protecteur de la culture, de « notre » culture : de la littérature québécoise en particulier. Victor-Lévy Beaulieu évoque la présence grandement apaisante des animaux dans ce style qui lui est propre, qui le caractérise. C’est là que réside la beauté du geste : la culture issue de notre trop humaine ou barbare condition se situe, dans cette œuvre, proche de la vie des bêtes subissant comme nous, mais à leur manière, le sort du monde…
Victor-Lévy Beaulieu et ses animaux vont se métamorphoser en « animots » : ses « écritures » seront ainsi à jamais à notre portée…