Que dire face à l’œuvre écrite avec sincérité et minutie et qui pourtant n’émeut pas son lecteur ? Je ne sais. Toute réticence, par définition, risque ici de blesser. Il n’est pourtant pas possible de se dire séduit. Je le répète : je ne sais que dire.
Michel Muir, intelligemment, consacre à l’écriture les involontaires loisirs que lui impose une période de chômage. Il investit dans cet effort courageux tout ce qu’il peut rassembler de conviction et de générosité. Le malheur, c’est que les carnets qui en résultent sont tantôt mièvres tantôt naïfs, presque jamais stimulants. Il écrit, par exemple, en saluant Satan au passage : « C’est parce que je suis certain de ces choses que toute technique me révulse : c’est parce que je suis au courant de la portée de nos pensées et de nos actes que je mets en garde ceux qui ne peuvent contrôler leurs désirs. » Pareille certitude laisse pantois. Qu’on en tire un enseignement pour autrui achève de décourager.
Le genre littéraire qui s’en remet à l’ego, des carnets intimes à l’autobiographie caractérisée, comporte tant de difficultés qu’il ne compte que de très rares réussites. La sincérité de l’auteur ne change rien à cette règle brutale.