Amorcée avec La tuque et le béret (1992) et Le bouleau et l’épinette (1993), la fresque romanesque de Louis Caron, Les chemins du Nord , se poursuit avec L’outarde et la palombe . Ce troisième tome raconte les tribulations du peintre français Henri Ramier et de la Québécoise Mathilde Bélanger qui se sont épris l’un de l’autre au Québec, malgré les 30 ans qui les séparent. Jugeant bon de retourner dans son Gers natal à l’annonce de la Deuxième Guerre mondiale, Henri entre bientôt dans la Résistance. Mathilde n’est pas en reste qui s’intéresse rapidement et activement au sort de 200 enfants juifs réfugiés dans la clandestinité, près de Riscle. Engagés dans des opérations dangereuses, tous deux doivent composer avec une situation explosive où s’affiche le farouche esprit individualiste des Français. Dans la France occupée, les pétainistes ou « vichystes » affrontent les gaullistes, les collaborateurs se dressent en face des maquisards et la fourberie des uns s’oppose à 1’héroïsme des autres. Il faut aussi tenir compte des cellules communistes comme celle à laquelle appartient Irène, fille d’Henri et rivale de Mathilde. Avec courage et détermination, et beaucoup de chance, le couple sort intact de ce cauchemar. Il prolongera son aventure amoureuse dans le pays de Mathilde, en Haute-Mauricie.
L’outarde et la palombe parvient à une reconstitution crédible de la période évoquée et Louis Caron y manifeste à nouveau, quoique sans éclat particulier, l’aisance scripturale à laquelle il a habitué son lecteur. Au plan de la structure narrative, on notera entre autres détails que des faits concomitants sont souvent racontés en alternance, selon la technique utilisée par de nombreux feuilletonistes de la télévision et par plus d’un réalisateur de cinéma. Le roman se porterait d’ailleurs assez facilement à l’écran et il est à parier que son auteur, qui a déjà connu l’adaptation cinématographique de ses Fils de la liberté , y a déjà pensé.