Cet ouvrage est le seizième publié par Nadège Devaux. Ses intérêts sont diversifiés, car elle a écrit aussi bien des œuvres de fiction que des guides pratiques (dont L’abc de l’écrivain). Elle collabore également à différents magazines et, il y a quelques années, un de ses romans, Cauchemar d’amour, a été adapté en série télévisée à succès.
Louisbourg est un roman historique qui raconte les derniers temps de la fameuse forteresse française érigée sur l’Isle Royale, comme on appelait alors l’île du Cap-Breton. Outre sa position stratégique dans le commerce triangulaire avec la mère patrie et les Antilles françaises, elle avait pour mission de défendre les bancs de morues de Terre-Neuve ainsi que l’accès au golfe du Saint-Laurent. L’histoire débute en septembre 1757, au moment où la menace anglaise était encore un peu lointaine, mais bien réelle. En effet, au printemps suivant, une escadre ennemie s’est présentée pour prendre la ville, comme on s’y attendait. Le siège s’est étendu du 8 juin au 26 juillet 1758, jour de la capitulation du gouverneur de Drucourt. Ce siège a été d’une telle violence que, du côté français, 5200 personnes sont mortes à cause des bombardements et de maladies. Les Britanniques, quant à eux, ont perdu 1200 hommes.
Nadège Devaux qualifie son roman de « récit historique et quelque peu satirique », sans doute, entre autres, parce qu’elle s’amuse un peu des « talents » culinaires anglais. Plus sérieusement, elle souligne le rôle appréciable joué par madame de Drucourt, qui a contribué à entretenir le moral des assiégés en tirant elle-même du canon et en s’occupant des blessés. Mais l’auteure ne se borne pas à présenter le point de vue des notables. Elle montre aussi le siège tel que vécu par des gens ordinaires, comme une ancienne esclave devenue tenancière de taverne, un jeune tambour et un milicien.
Nadège Devaux, dans son épilogue, avance ou rapporte quelques affirmations qui ne font pas toutes l’unanimité parmi les auteurs et les historiens. Par exemple, elle déclare à propos du gouverneur Pierre de Rigaud de Vaudreuil : « [I]l fut un lâche et un menteur. Il s’attribua les succès du marquis de Montcalm et discrédita ce dernier, puis contribua à salir sa mémoire après sa mort ». René Boulanger, dans La bataille de la mémoire, est loin de partager cet avis.