On s’incline devant pareille réussite. L’ambition était immense, mais les moyens, les talents, les bons vouloirs mis en osmose ont été en proportion. Deux musées ont su s’allier dans un plein respect de leurs mandats respectifs et sans susceptibilité. (Ainsi, le Musée des Beaux-Arts de Montréal a admis que la toute proche Assemblée nationale prête au Musée de Québec telle pièce qui ne se rendra pas dans la métropole.)
La même ouverture d’esprit se retrouve dans le choix des spécialistes et de leurs angles d’analyse. L’un connaît mieux le Louis-Philippe Hébert du bronze et en parle éloquemment. L’autre, initié à l’art qu’avait le sculpteur de mobiliser amis et réseaux aux fins de contrats, décrit ces façons de faire sans anachronisme ni complaisance. Touche après touche, on nous conduit à mesurer ce que pouvait le talent québécois et ce que l’artiste devait demander à la France et à ses fondeurs. Le catalogue ne gomme pas les différences d’accent entre François-Marc Gagnon et Jean-Pierre Labiau au sujet de l’iconographie indienne du créateur. L’ensemble y gagne en complémentarité, en profondeur.
Cette lecture provoque divers sentiments. L’admiration, bien sûr, tant est grande la polyvalence du sculpteur, mais aussi une certaine gêne : ces œuvres remplissaient notre décor et nous ignorions la signature. À notre insu, Louis-Philippe Hébert était un familier.