Prolifique, le romancier chilien Luis Sepúlveda recycle les mêmes obsessions et thèmes, et une part du plaisir à le lire tient à ce confort distillé par un écrivain qui balise avec efficacité ses images et son ton. L'agacement tient aussi à ces raisons : facilités d'écriture, histoires simplifiées à l'extrême, récits courts qui ne creusent rien, catégorisations des personnages à partir d'un axe manichéen entre les vaincus et les vainqueurs où la moralité (fière et nostalgique, encore agissante) est toujours du côté des laissés-pour-compte d'une oppression qui fonctionne à l'oubli. Sepúlveda se donne comme mandat d'écrire l'histoire des résistants anonymes en les exhaussant au rang de modèles d'une culture populaire chilienne et latino-américaine encore vive et capable de garder ses distances avec la culture de masse consumériste. L'écrivain procède par la célébration d'un héritage de luttes, légué par la mémoire . . .
Pour lire la suite, veuillez vous abonner. Déjà abonné(e) ? Connexion