« Diffuser le goût de la lecture », voilà ce qu’un groupe français, comprenant plus d’une centaine d’écrivains, l’UNAF et la Ligue française de l’enseignement, s’est donné comme objectif. Le programme mis sur pied, Lire et faire lire , comporte entre autres des actions directes dans les écoles, des retraités prêtant leur concours aux institutions dès le début du primaire. On rêverait qu’un tel mouvement s’implante chez nous où les carences de la culture du livre sont évidentes.
Lire pour vivre, dont la préface est signée Alexandre Jardin (et dont la vente servira de tremplin financier au groupe Lire et Faire lire), propose des extraits de textes d’auteurs connus qui ont à l’occasion parlé de leurs rapports au livre et à la lecture. Certains des textes choisis parlent d’eux-mêmes et en disent assez peut-être pour en amener quelques-uns à lire. Je pense toutefois qu’ils ne prêcheront qu’aux convertis.
Lire ce genre de collage suppose en effet que le sujet présente déjà de l’intérêt. Si l’on n’est pas atteint du virus ou très près d’y succomber, je ne pense pas que l’on puisse être gagné à la lecture par cet intermédiaire. Le contact avec une œuvre impérieuse, dévastatrice, est la seule expérience qui fasse un jour pencher la balance sans retour. C’est d’ailleurs le défaut de toutes les anthologies, des fameux morceaux choisis des périodes de formation: ils ne suscitent en général que l’ennui. L’exercice suppose que l’on puisse apprécier une oeuvre par un indice fragmentaire qui ne rend pas justice au projet créateur dans son unité, sa globalité, l’art justement qu’y déploie son auteur. Les textes de Lire pour vivre au demeurant offrent sûrement des pistes intéressantes à exploiter aux passeurs de la culture du livre, enseignants, bibliothécaires, libraires, parents.