Tirés d’une conférence donnée par l’auteur au début des années 1990, les deux courts textes du célèbre auteur canadien que vient de publier Leméac nous livrent sa pensée sur des sujets qui sont indissociables dans la vie d’un écrivain : la lecture et, cela va sans dire, l’écriture. Dans la première partie de Lire et écrire, la réflexion de Robertson Davies trouvera sûrement écho chez les lecteurs qui eux-mêmes s’interrogent, voire prennent position — ne serait-ce que pour eux-mêmes —, sur divers aspects de la lecture : Où lit-on ? Quels livres doit-on avoir lus ? Doit-on s’astreindre à terminer une lecture qui nous ennuie ? Quelle valeur accorder aux critiques, aux commentaires de lecture ? En plus d’inciter son auditoire à lire pour le plaisir, Robertson Davies, en bon lettré, ajoute : « Il existe bien des façons d’éduquer la sensibilité. Je recommande la lecture comme la plus abordable. »
En seconde partie, Robertson Davies disserte sur l’acte d’écrire et nous livre ses vues sur l’écrivain et le travail d’écriture. Il parle du style de l’écrivain qui, s’il ne jaillit pas de l’intérieur, peut devenir maniérisme, affectation. Il se prononce en outre sur l’analyse de textes, sur l’influence de la télévision et du cinéma sur l’écriture des romanciers modernes. Le lecteur assidu de Robertson Davies ne s’étonnera pas de lire sous sa plume de romancier averti que « [l]e récit préserve mieux un ouvrage que les seules grâces du style. […] Il doit y avoir un peu de Schéhérazade dans tout romancier sérieux […] ». L’intérêt de ces propos vient de ce que leur auteur y fait un tour de la question stimulant et suffisamment complet pour retenir l’attention.