Le numéro 16 de l’Inconvénient contient quatre essais ambitieux sur « Les dessous de la télé-réalité » au Québec et se veut une réponse grinçante au phénomène de Loft Story. D’entrée de jeu, Alain Roy prétend fort à propos « qu’il ne peut suffire de simplement déplorer l’apparition de Loft Story, le financement public accordé par Téléfilm Canada […], il faut encore comprendre ce qui fait le succès inouï de cette nouvelle télé ». Défi de taille, mais malheureusement, ce dossier ne parvient jamais à donner un sens à cet événement médiatique. Les propos restent descriptifs, simplement critiques et indignés. Peu d’analyse, pas de théorie ; quelques références philosophiques plaquées çà et là. De plus, contrairement à ce que supposait le titre du dossier, les textes réunis ici ne fournissent aucunement les éléments qui révéleraient « les dessous » ; et, par ailleurs, les secrets de fabrication de l’entreprise ne pourraient à eux seuls expliquer l’engouement populaire, qui ne fait que confirmer l’efficacité (au plan commercial) de la télévision généraliste.
C’est plutôt dans les autres textes de ce numéro de l’Inconvénient que l’on trouve des pages lumineuses : de très beaux vers de Jean-Pierre Lorange (« Ombres »), une nouvelle au style élégant (« Au pays du sourire ») signée par le romancier Hans-Jurgen Greif et un dialogue très vivant – en fait une conversation de restaurant – entre l’écrivain François Ricard et Lakis Proguidis, l’éditeur de la revue française L’Atelier du roman. Dans leurs échanges empreints d’ironie et de verve sont comparés les climats politiques de la France et du Québec.
Pour une analyse rigoureuse de la télé-réalité, on lira avec profit l’excellent numéro hors-série de la revue française MédiaMorphoses, sous la direction de Guy Lochard et Guillaume Soulez (La télé-réalité, un débat mondial : les métamorphoses de « Big Brother », PUF, 2003).