Dans cette autobiographie trépidante et bien construite, Pierre Nadeau ne se rend pas justice. Précis dans ses réminiscences, presque candide quand il ouvre les pages de son agenda, et soutenu par la rigueur de Jean-Pierre Gosselin, il ne réussira pourtant pas à donner aux jeunes générations une idée juste de l’importance de son parcours et de son influence. D’autres que lui devront, de l’extérieur, mesurer son influence et alourdir les éloges.
Pierre Nadeau, en effet, aura été, des années durant, le principal accoucheur québécois des réalités internationales, celui par qui le Sahel entrait dans des milliers de foyers québécois, un guide rassurant dans un monde brouillon. Très tôt en contact avec l’exigeante génération des Judith Jasmin et René Lévesque, des André Laurendeau et Lorenzo Godin, il contribue de façon marquante à la consolidation de leurs acquis. Il stabilise et rend en quelque sorte normal l’intérêt pour les enjeux planétaires. Sa prestance lui permet de présumer que les téléspectateurs seront là et, de fait, ils y sont.
Du fait qu’il a longuement participé à l’évolution québécoise de l’information, Pierre Nadeau rendra service si, pendant que d’autres vanteront ses mérites, il nous prépare, lui, ses réflexions de citoyen sur divers thèmes à peine évoqués dans son autobiographie : l’objectivité, la vulgarité montante, la triste montée du spectacle et du fait divers… Qui d’autre le ferait avec plus de crédibilité ?