Le très sérieux auteur du Métier d’écrivain au Québec (1996), un essai documenté qui a fait date dans l’histoire littéraire québécoise du XXe siècle, revient sur le terrain de l’humour avec un petit livre sans prétention issu d’une expérience de 33 ans comme professeur de niveau secondaire au Québec : en collaboration avec Louis Vachon, il avait déjà fait paraître en 1997 un Dictionnaire de pensées politiquement tordues. Daniel Mativat collige cette fois plus de 700 « avatars de proverbes et de citations connues » recueillis auprès d’adolescents. Après une longue introduction où il relève notamment les différentes formes d’humour, avec exemples à l’appui, le compilateur regroupe les énoncés retenus autour d’une centaine de thèmes. Certains sujets (comme « sexe » et « sagesse ») ont inspirés plus que d’autres ( tels « écologie » et « divorce ») ces élèves de cinquième. On redécouvre de tout. Du banal, du vulgaire, de l’indigent : « Grosse Corvette, p’tite quéquette » ; « L’école, c’est comme le poil : à seize ans, t’en a plein le cul » ; « L’homme chie et la femme le torche » ; « Un trou de cul ne sait pas qu’il pue ». D’autres propos semblent provenir du défoulement (« La loi est stupide mais c’est la loi ») ou de l’expérience personnelle (« Il n’y a que les professeurs qui ne changent pas d’idée »). Ils relèvent ailleurs du constat (« Le pire est le propre de l’homme »), du sexisme (« Je pense, donc je suis une femme ») ou de la satire (« À chaque policier suffit son beigne »). Il y a aussi des perles : « L’école est un enfer pavé de bonnes intentions » ; « Un homme travesti en vaut deux ». Enfin, par un détour érotisant, plusieurs témoignent avantageusement de la culture de ces adolescents à qui l’on reproche trop volontiers leur anémie intellectuelle : « Vingt fois sur votre amie remettez-vous à l’ouvrage » ; « J’aime le son de ton corps, le soir au fond des bois » ; « À flirter sans péril, on baise sans gloire ».
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