La bien connue et fort appréciée romancière française Fred Vargas délaisse les folles et toujours fascinantes mésaventures de son commissaire Adamsberg pour lancer un appel à tous « sur l’avenir de la Terre, du monde vivant, de l’Humanité. Rien que ça ».
Fred Vargas – ou Frédérique Audoin-Rouzeau – est née à Paris en 1957. Auteure d’une vingtaine de romans policiers publiés dans 22 pays, elle est docteure en archéozoologie, médiéviste et anciennement chercheuse au prestigieux CNRS de France (Conseil national de la recherche scientifique). Sa formation en sciences se manifeste dans ses polars par un souci obsessionnel du détail et de la vraisemblance, qui ajoute un niveau d’intérêt non négligeable à sa plume vive et humoristique.
« Mais bon sang, comment vais-je me sortir de cette tâche insensée ? Alors que je sais très bien que vous auriez préféré que je vous livre un roman policier », avoue-t-elle. Il faut savoir que Vargas a publié un court texte sur le sujet il y a dix ans, lequel texte, toujours actuel, a été lu en décembre 2018 à l’inauguration de la 24e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Elle a ensuite décidé de pousser plus avant ses recherches, en souhaitant mettre fin à la « désinformation dont nous sommes victimes ».
Comment être accessible tout en étant crédible ? Vargas veut intéresser le grand public, mais ne saurait renoncer à ses exigences de scientifique. La preuve en est les 405 sources citées, sur lesquelles l’auteure s’est appuyée pour étayer son plaidoyer, autant d’arguments que d’aucuns ont cependant qualifiés de « convenus ». Peut-être. Cela ne l’empêche pas, et c’est tout en son honneur, de travailler à vouloir changer les comportements des gouvernants et des puissants lobbies qui « dissimulent ce que nous aurions dû savoir, si bien que nous avons continué d’avancer à l’aveugle, inconscients et crédules ».
L’ouvrage est sérieux et même l’écriture d’habitude alerte de la romancière n’arrive pas à alléger le propos, si tant est que cela eût été possible. Cet état des lieux contient énormément d’informations, « toutes indispensables, depuis la sardine jusqu’au protoxyde d’azote, en passant par le méthane et la fonte des glaces », et il est vrai que le lecteur peut facilement attraper le tournis. Vargas le reconnaît elle-même : « Vous croyez que je ne me rends pas compte combien c’est emmerdant à lire ? »
Lecture pourtant fort pertinente, qui en appelle aux importantes notions de partage, de solidarité et d’équité et qui rejoint les préoccupations non seulement des Dominic Champagne et des milléniaux, mais de tous ceux qui voudraient croire en un réel avenir pour « l’humanité en péril ».