Ce roman kafkaïen est une allégorie sur l’univers de la création littéraire, mais une allégorie désordonnée et quelque peu déconcertante.
Il s’ouvre sur l’horrible spectacle d’une « culture » systématique d’écrivains de génie soumis à la souffrance, au dénuement et à la solitude, conditions créées artificiellement pour favoriser l’éclosion. Difficile à supporter la description minutieuse de la vie d’êtres humains coincés dans des cages étroites et malpropres, sous la surveillance d’un rêveur sadique.
Après avoir décrit en détail le fonctionnement de cet élevage en cages, l’auteur raconte le cheminement du propriétaire de ces cages que le commerce de la bile de foie d’ours, très recherchée en Asie, amène à découvrir la culture des perles et à faire le rapprochement entre ce chef-d’œuvre de l’huître et le chef-d’œuvre littéraire ; tout dépend d’un minuscule corps étranger qu’on introduit dans le coquillage. De là le projet dément d’utiliser la misère d’enfants isolés et repliés sur eux-mêmes pour produire l’œuvre géniale, en les confinant dans des cages à l’espace si réduit qu’ils puissent à peine bouger et où, coupés de communication avec l’extérieur, ils ne puissent produire que de la bile et de l’écriture.
Ce projet lui sera rendu possible par la découverte du fils d’un maharadjah qui lui apporte la fortune et la possibilité de réaliser son utopie. Puis surviennent une série d’événements incohérents : libération des encagés par une guenon mutante, évasion de leur leader dans une bouteille, etc. Le récit se termine par un épilogue sous la forme du journal d’un Yéti rêvant de se rapprocher des hommes. Le lecteur peut cependant s’interroger sur la pertinence ici de cette ultime réflexion sur le sociabilité.