L’étrange livre de Marie Auger emprunte, de loin en loin, la forme d’un roman. La multitude de courts chapitres qui le composent, de « séquences », de « grappes de mots » en apparence disparates, empreints d’horreur existentielle, se rassemblent dans une certaine démarche romanesque. Ils évoquent à la fois la douleur d’être au monde et la sensation d’être absent de celui-ci, hors d’un « Sens », d’être gelé, « anesthésié ». En fait, tout, même le plaisir, sera vécu abstraitement.
La narratrice se veut « anesthésiste », au point que l’on a le sentiment d’être dans un Vide qui n’est pas sans faire peur malgré une certaine incarnation. Cette perspective, par ailleurs, inclut une critique acérée des valeurs véhiculées par la société soi-disant « normale » ; surgiront ultimement des considérations écologiques, planétaires : la possibilité de l’anéantissement du vivant. Tout semble ainsi être la proie de l’horreur, de la néantisation. Rien de moins… Quant au choix du titre . c’est – toujours selon la narratrice – le non-sens du phénomène de l’excision, l’incompréhension déroutante de ce qui l’impose. Sans plus.