Quand André Breton fait la rencontre de Simone Kahn, en juin 1920, le dadaïsme bat son plein. Depuis le début de l’année, le groupe dada multiplie les manifestations provocantes. L’année précédente, Breton a fondé la revue Littérature, au sommaire de laquelle figure le premier essai d’écriture automatique, Les champs magnétiques. Breton vient alors d’abandonner ses études de médecine, mais s’apprête à travailler pour le collectionneur d’œuvres d’art Jacques Doucet. Quant à Simone Kahn, elle est à l’époque étudiante de littérature et de philosophie et abonnée à Littérature. Ils se marient en septembre 1921.
Les lettres de Breton s’étalent presque entièrement sur l’ensemble des années 1920 (une dizaine de lettres seulement couvrent la période 1930-1960), le couple se séparant à la fin de la décennie. Elles accompagnent donc les années cruciales du surréalisme, marquées notamment par les publications du Manifeste du surréalisme et du récit Nadja. Mais ces lettres, et cela est fondamental, nous donnent aussi accès à un Breton très intime, s’interrogeant sur lui-même, sur la vie, d’une franchise absolue en dépit de ses contradictions, plaçant l’amour et la liberté au centre de toutes choses. Ce sont des lettres bouleversantes, à l’image de cette beauté intérieure de l’écrivain qui illumine tant de pages des Pas perdus, de L’amour fou ou de La clé des champs, et qui relativisent cette image étroite de l’autoritaire cinglant à laquelle on le réduit parfois.
À la suite des lettres à Simone Kahn ont été éditées celles de Breton à Jacques Doucet. Ces ouvrages paraissent conformément aux directives testamentaires de l’écrivain surréaliste décédé en 1966, demandant d’attendre au moins cinquante ans après sa mort pour rendre publique sa correspondance, et inaugurent la publication des échanges épistolaires de Breton. Gallimard prévoit, en suivant l’ordre chronologique de rédaction des lettres, publier deux ouvrages par année.
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