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LES TONDEUSES À GAZON

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Une petite ville américaine sans âme, éloignée, dont les habitants se rendent encore à « la fête du train » même s’il y a longtemps que le train a déserté les lieux. Cedar Hole n’a rien de pittoresque et même ceux qui y vivent sont ternes et manquent de conviction. Bref, c’est un bled où il ne fait pas bon vivre Pourtant, Stephanie Doyon réussit à raconter une histoire qui, si elle met passablement de temps à démarrer, finit par nous accrocher.

Les héros de Doyon, contrairement à la ville qu’ils habitent, sortent de l’ordinaire. À commencer par la famille Pinkham qui, après une flopée de filles, réussit enfin à faire un garçon, Francis. Or Spud, puisque c’est ainsi qu’on surnomme le rejeton mâle des Pinkham, ne l’aura pas facile car ses nombreuses sœurs en feront rapidement leur souffre-douleur. Voilà pour le premier protagoniste. Puis il y a le fils unique d’un couple d’ouvriers sans histoire, le valeureux petit Robert Cutler, à qui tout réussit. Voilà donc pour le second.

Dès l’école primaire, le parfait petit Robert n’a pas la cote auprès de ses camarades, à commencer par Spud qui, lui, le déteste franchement. Une décennie et quelques plus tard, lors du concours annuel de tondeuses à gazon, la rivalité se cristallise : tandis que Robert jouit d’un triomphe immérité, Spud ravale une amère défaite. Ce sont ces deux personnages, que le destin s’amuse à asticoter, qui nourrissent l’intrigue du roman. Tous les autres personnages tournent autour d’eux, certains ennuyeux comme Cedar Hole, d’autres sympathiques et émouvants et, enfin, quelques spécimens hors du commun, comme la horde des sœurs Pinkham !

Stephanie Doyon, que l’on compare – étonnamment ! – à John Irving, a encore quelques croûtes à manger avant d’égaler l’écrivain américain. Néanmoins, sa capacité à créer des personnages truculents lui permettra sans aucun doute de se faire une place dans le monde littéraire.

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