Après la mère, Samia Shariff, et son Voile de la peur, paru en 2006 chez JCL, livre qui avait ému les foules en racontant le destin tragique de cette femme amenée à quitter l’Algérie pour la France puis le Québec, voici maintenant le témoignage de la fille.
Comme si la cour n’était déjà pas assez pleine. La mère nous avait pourtant raconté, à travers 385 pages, son parcours larmoyant de femme battue et humiliée par son propre mari, honnie par sa belle-famille, survivant dans un pays basculant dans la folie terroriste. Grâce à de faux papiers, elle avait pu amener sa marmaille au Québec et refaire sa vie dans la dignité. Ouvrage utile pour montrer ce que c’est que de vivre dans un système de valeurs (intégriste islamique) dénigrant totalement la femme et comment, malgré les plaintes contre nos politiciens, nous vivons dans un endroit du monde pas trop mal, merci.
Cette fois, Norah reprend le flambeau de sa mère et nous propose une visite intimiste dans son monde intérieur. Il en résulte des pages, au départ, difficiles à lire : inceste répété commis par son père (un véritable monstre celui-là), meurtrissures morales qui en découlent, folie de la guerre civile algérienne, séquestration par des membres de la famille, fuite et émigration en France, intégration peu réussie dans ce pays. Puis départ vers le Québec, dépeint comme l’endroit où il fait bon vivre, lieu de la « tranquillité d’esprit », où il est possible de refaire sa vie, malgré un passé bien mouvementé.
À lire si on a besoin d’une dose de courage face à des difficultés du moment ou pour mieux apprécier le bien-être tant recherché par la majorité des habitants d’autres pays. À éviter si on considère (comme moi) que ce déballage de sentiments frise l’impudicité et commence à ressembler à une opération commerciale.