Andrew Nikiforuk est auteur, journaliste et spécialiste des questions environnementales. Son quatrième ouvrage, Les sables bitumineux : la honte du Canada, lui a valu en 2009 dans sa version originale anglaise (Tar Sands) le premier prix de la Society of Environmental.
Dans les années 1990, le Canada a commencé à exploiter de façon soutenue les sables bitumineux de l’Alberta. C’est ce qui a permis au pays de devenir un État pétrolier et de produire aujourd’hui plus de pétrole que le Texas ou le Koweït. Depuis 2001, il a dépassé l’Arabie saoudite en tant que premier exportateur de pétrole vers les États-Unis. Ce qui, à première vue, apparaît comme un succès attirant de colossales richesses, s’avère selon Andrew Nikiforuk un désastre écologique, social, économique et même politique. D’immenses surfaces de l’Alberta ont été saccagées sans grandes précautions pour l’environnement. D’énormes bassins dénués de revêtement imperméable ont été créés pour recueillir les boues hautement contaminées résultant du procédé d’extraction. Boues dont on ne sait plus trop quoi faire et qui présentent un risque sérieux. Qu’arriverait-il si une digue se rompait à la suite d’une catastrophe naturelle ? Par ailleurs, l’utilisation de quantités astronomiques d’eau pour extraire le bitume constitue une autre grave atteinte à l’environnement. De plus, le fait de brûler du gaz naturel en quantité importante pour chauffer les sables et en extraire le bitume contribue de façon marquée à la production de gaz à effet de serre. Pas étonnant que « le mégaprojet des sables bitumineux [soit] d’après les Nations Unies l’une des pires zones à risque au monde pour l’environnement ».
Sur le plan économique, l’exportation du bitume a contribué à la hausse rapide du dollar canadien, ce qui a gravement affaibli le secteur manufacturier du Canada en rendant les marchandises canadiennes plus difficiles à exporter parce que plus chères.
Andrew Nikiforuk est également convaincu que la santé démocratique au Canada est fragilisée à cause du développement pétrolier à outrance. Avec ce livre, affirme-t-il, « [il] souhaite lancer un débat éclairé […] sur l’échelle et le rythme de ce phénomène qui transforme le continent tout entier ».