Il arrive parfois que des œuvres naissent de faits divers. C’est le cas du second roman de Véronique Marcotte, Les revolvers sont des choses qui arrivent. Apprenant qu’une adolescente dépressive et psychotique aurait assassiné sa mère « pour exaucer son vœu » (la maman avait un jour exprimé à sa fille son désir de mourir heureuse, dans son sommeil), l’auteure d’origine trifluvienne s’est sentie interpellée et a choisi de raconter une histoire mettant en scène une jeune femme coupable de matricide.
Véronique Marcotte donne ainsi vie à Arrielle, une adolescente de dix-sept ans qui, à la suite du meurtre de sa mère et de son acquittement pour aliénation mentale, « habite un hôpital psychiatrique ». Évoluant dans un univers où le blanc est omniprésent, Arrielle se sent enfermée : entre quatre murs, certes, mais aussi dans ce qui lui « fait le plus peur », c’est-à-dire son corps, enveloppe à l’apparence adulte qui semble bien inadéquate à celle qui veut demeurer une enfant, petite, fragile, naïve.
Recluse depuis plusieurs mois, Arrielle garde le silence, écoute la plupart des gens avec indifférence, et tire ses propres conclusions. « Le geste que j’ai posé n’a pas été impulsif, ma mère n’est pas une victime mais plutôt une exaucée, et je n’ai jamais eu le choix de mon acte. » Selon l’adolescente nouvellement devenue majeure, c’est à Nicolas, son grand frère, que la mère a confié son désir de mourir heureuse, et c’est sur les conseils de son aîné qu’elle a posé le geste fatal, convaincue d’accomplir ainsi la volonté de celle pour qui elle éprouvait « un amour inconditionnel ».
Véronique Marcotte, qui anime des ateliers d’écriture auprès des personnes marginales, s’intéresse à l’univers de la santé mentale depuis plusieurs années. Avec Les revolvers sont des choses qui arrivent, elle livre une œuvre difficile mais réussie, qui se présente comme une étude maîtrisée d’un cas bien particulier.