On entend régulièrement des discours plus ou moins alarmistes sur le désintérêt des jeunes à l’égard de la lecture, présenté souvent comme le symptôme d’un mépris, sinon d’une totale indifférence, des adolescents d’aujourd’hui envers la culture. Plusieurs chercheurs ont eu beau dresser un portrait de la situation à la fois plus fin et plus nuancé, les idées reçues ont la peau dure. L’essai publié sous la direction de Monique Lebrun est le bilan d’un premier volet d’une enquête menée par des didacticiens québécois soucieux de ne pas se limiter au simple constat, mais de contribuer à un programme d’intervention auprès des lecteurs du secondaire. Les auteurs se sont fixé six objectifs principaux : déterminer les habitudes de lecture des adolescents, rendre compte de leurs lectures privées (en marge de l’école), analyser leurs préférences, décrire leur mode de fréquentation des bibliothèques (scolaires et publiques), examiner les pratiques de lecture induites par l’usage de l’ordinateur et tracer les contours de différents profils de lecteurs.
Dans l’ensemble, cette étude ne fait pas ressortir de résultats particulièrement nouveaux. Les comparaisons établies avec les travaux antérieurs ou menés dans d’autres pays (France et États-Unis, principalement) font plutôt apparaître une certaine convergence au niveau international et une relative stabilité des phénomènes observés à travers le temps. L’ouvrage de Monique Lebrun a cependant le mérite d’explorer des pistes nouvelles, notamment en ne considérant pas simplement les élèves comme des « apprenants » mais bien comme des acteurs de leur propre plaisir et de leur propre formation intellectuelle. Les relations entre les lecteurs, les enseignants, les bibliothécaires, les parents et les livres sont, du coup, envisagées d’une manière différente. Bien que destiné avant tout à un public spécialisé, cet essai peut intéresser tous ceux qui se sentent concernés par la place de la lecture dans la vie des adolescents.