Je dois avouer que Les plus belles lettres d’amour d’Héloïse à Éluard m’ont laissée sur mon appétit : trop peu nombreuses et souvent tronquées, elles ne permettent qu’une rapide incursion dans l’univers des célèbres épistoliers qui les signent. Quant à la présentation d’Irène Frain, dont je ne m’explique pas la pertinence, elle ne nous apprend strictement rien sur le choix des textes ni sur ce qui motive leur publication actuelle. Cette lecture m’a déçue d’autant plus que les éditeurs semblent avoir davantage misé sur la présentation matérielle du livre que sur son contenu. Hélas, le charmant petit volume rouge à couverture rigide illustré de reproductions soulève des attentes qu’il ne comble pas.
Réflexion faite, je me demande si ces lettres ne s’adressent pas avant tout aux élèves du secondaire que l’on tente de séduire par un emballage attrayant. L’hypothèse se tient car, examinés de ce point de vue, les défauts du livre se transforment soudain en qualités ; l’introduction d’Irène Frain, rédigée sur le mode de la fiction, retiendra l’attention de l’adolescent qu’un discours universitaire pointu aurait ennuyé. De plus, le fait que les textes soient concis et peu nombreux plaira au jeune lecteur tout en favorisant son apprentissage culturel et littéraire. Sur ce plan, les brèves présentations qui introduisent chacune des lettres sont d’une aide précieuse pour situer les correspondants dans leur époque.
En deux mots, si ce recueil de billets doux manque de consistance pour le lecteur plus exigeant, il constitue par contre une lecture très accessible pour qui veut s’initier sans effort au style épistolaire de quelques amoureux illustres.