Dans un nouveau livre qui n’a pas hélas le charme poétique de son Carnet du Bombyx, Michaël La Chance s’en prend à la déshumanisation galopante de nos sociétés. Inspiré par Les sirènes de Titan de Kurt Vonnegut, plusieurs fois cité en exergue, il se lance à l’assaut du nouveau culte du succès, de la réussite et de l’uniformisation de ceux qu’il décrit comme « les penseurs de fer ». Le discours n’est pas nouveau ; mais ici, l’auteur s’offre un long détour par un domaine qui paraît retenir particulièrement son attention, celui de l’envahissement de la réalité virtuelle sous toutes ses formes et de ses multiples outils aliénants. On se promène ainsi dans cet univers de plus en plus complexe et spécialisé où nos réalités concrètes et quotidiennes ont tendance à se diluer à travers des grilles abstraites établissant les fondements d’un monde plat, numéralisé, sans fantasmes, « d’une monstrueuse normalité », sur fond de bruitage médiatique et d’intarissables bavardages rendant impossible toute intériorité, toute véritable liberté.
L’écriture de l’auteur a beau être brillante, sa pensée est parfois abrupte et difficile à suivre pour le lecteur peu familier avec le contexte conceptuel dans lequel il évolue de même qu’avec le vocabulaire de la technoculture et de l’art qu’elle génère.