Le troisième et avant-dernier tome de la tétralogie Les patriotes de Max Gallo, Le prix du sang, s’ouvre sur le matin du 7 octobre 1942 alors que le paysan Victor Garel déjoue la vigilance des Allemands qui, fusil à l’épaule, barrent la route et contrôlent les véhicules : Bertrand Renaud de Thorenc, le résistant français, est à bord de son camion. Le destin des uns comme des autres tient désormais à si peu une rencontre fortuite peut vous éviter la mort comme une erreur de jugement peut vous coûter la vie.
Dans ce monde désormais déserté par la morale et l’humanité, la guerre poursuit son œuvre : elle désoriente, désorganise pour mieux faucher les vies. Tension extrême, doubles jeux, lâcheté, dénonciation, extorsion, torture, exécutions, trahison la guerre donne lieu à des débordements de tous genres, les gens s’abaissent aux pires ignominies par ambition, par vengeance ou tout simplement pour sauver leur peau. C’est par wagons qu’on expédie les Juifs, repérés par les SS ou cruellement dénoncés par des voisins, vers les camps de la mort. En cette période de chaos, la valorisation des idées a pris le pas sur le respect de la vie : « Pour tuer un homme simplement parce qu’il appartenait au camp ennemi, il fallait ne voir en lui que l’incarnation d’une idée, d’une injustice, d’un danger, du Mal. »
Dans la France occupée, la solidarité entre les résistants est essentielle, vitale. Or il est de plus en plus difficile de distinguer l’homme honnête du délateur, d’accorder sa confiance, d’unir ses forces contre l’ennemi car l’idée même de communauté est de moins en moins envisageable. Les affects qui guident les actions sont la colère, l’exaspération devant la déshumanisation de tout, les abus de pouvoir, et la sensibilité à la souffrance d’autrui. Bertrand Renaud de Thorenc tentera, comme tant d’autres résistants, de court-circuiter la machine infernale des SS de maintes façons, au péril de sa vie.