Pour qui s’interroge sur l’enjeu que représente le problème national palestinien au sein du conflit israélo-arabe, ce livre fournira de nombreux éléments de réponse. François Grégoire a opéré le découpage essentiel qui permet de donner une vue d’ensemble des diverses étapes des négociations autour de la question palestinienne. À cette fin, il relate l’enchaînement des multiples accords, résolutions ou pourparlers renvoyant à une kyrielle de positions politiques en constante évolution dans le cadre de l’affrontement de divers intérêts soutenus par les grandes puissances que sont Israël, les pays arabes et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le constat est clair et désarmant : les droits du peuple palestinien ont été systématiquement bafoués. Du rêve de la grande Palestine en passant par une intégration à la Jordanie jusqu’à la proclamation par l’OLP d’une indépendance reposant sur un État factice, le projet politique du peuple palestinien a évolué de renoncements en retranchements. Il ne s’arrime plus maintenant qu’à la perspective d’une autonomie précaire dans une série d’enclaves contrôlées par Israël et dont l’exercice demeure encore plus difficile à cause d’un manque flagrant de ressources.
Bien que Les Palestiniens, un peuple privé de ses droits rende compte d’une recherche très bien fouillée, l’exposition des éléments de son contenu révèle certaines faiblesses. D’abord, l’ouvrage manque de points de repère ou de courts bilans qui nous auraient permis de mieux situer la succession des événements avec l’intervention des nombreux acteurs. Ensuite, l’articulation entre la modification des enjeux et l’évolution des positions composant les revendications territoriales et les solutions politiques défendues s’en serait trouvée mieux éclairée. La lecture doit donc être menée d’une façon plus serrée, attentive. Un index ou un lexique aurait été fort utile. Outre quelques coquilles, on regrettera également une erreur malheureuse à la page 158 où Madeleine Albright et Ehoud Barak sont mis en scène une année trop tard. D’autre part, le fait que l’auteur se soit plutôt attardé au comment au détriment du pourquoi dérange, car l’analyse, ici absente, aurait pu servir sa position rapidement esquissée en toute fin de volume.