Claude Paradis est, comme René Char avant lui, un poète du matinal, captant l’aurore du sens dans toute sa fragilité, son trouble mystère, son inachèvement. Un poète de l’ombre aussi, dans des contrées maintes fois arpentées par Jacques Brault. « J’ai habité le monde et l’ai déserté / Je lève les yeux et je vois la ville en miettes », nous dit maintenant Claude Paradis, avec cette révolte pensive qu’il raffine depuis Stérile Amérique et Le silence de la terre. Empreinte d’humilité, cette poésie nous dit qu’« On recommence sans jamais achever / le dessin de son ombre / au bas des murs », méthode pour conjurer l’ennui, trouver la force de remplir cet espace que l’esprit néglige parfois entre la mort et nous. Dans sa forme comme dans sa thématique, ce recueil poursuit des avenues identifiables à la lignée du Noroît : liminaire suivi de courtes suites (dont une éponyme) réunis par une forte cohérence, l’ensemble est un travail de deuil (celui du père) au travers duquel la conscience retrouve la force de s’extirper de son absence de motif. Si cela comporte peu d’innovation, il reste qu’on est en présence d’une voix, la même, qui se différencie tranquillement de soi pour accomplir quelques pas supplémentaires. Non sans des rencontres rappelant la circularité du processus : « Des poèmes attisent une lueur en mes yeux / lune retrouvée / Le visage de Marie Uguay m’accompagne » . Bien qu’offrant peut-être le précipité le plus dense de l’auteur jusqu’à maintenant, Les mêmes pas signale l’heure d’une renaissance, partielle bien sûr, dont on attend patiemment la trace, l’ombre portée, par le biais du poème en prose exploré dans le recueil précédent : « Je m’imagine enfin / à la dernière page du livre / comme à l’extrémité de quelque chose ».
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LES MÊMES PAS
- Le Noroît,
- 2001,
- Montréal
81 pages
17,95 $
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