Fanny Britt s’est d’abord fait connaître dans le milieu du théâtre, comme traductrice et auteure (entre autres avec Bienveillance, Prix du Gouverneur général 2013). On lui doit aussi le fameux album jeunesse Jane, le renard et moi, qui lui a valu de nombreux prix et nominations, en plus d’être traduit en plusieurs langues. Les tranchées, paru en 2014 chez Atelier 10, nous la révélait comme essayiste, avec une écriture piquante, pleine d’autodérision. Dans cet essai écrit sur le vif, elle revendiquait une maternité à l’image des femmes d’aujourd’hui, c’est-à-dire imparfaite, instinctive, tendre, coupable mais en même temps décomplexée. En somme, une maternité toute en contradictions.
Son premier roman, Les maisons, poursuit la réflexion sur la féminité entamée dans son essai. On y retrouve d’ailleurs, pour ceux qui ont lu Les tranchées, certaines idées qui n’avaient pas été complètement exploitées, vu la brièveté du livre et le peu de temps, semble-t-il, qui fut consacré à son écriture (par exemple, une autre scène de costume de bain, succulente d’humour caustique). Tout en s’interrogeant sur le rôle de mère, Fanny Britt s’intéresse cette fois au désir d’une femme. Cette femme, sorte d’alter ego de l’auteure, se dit-on, tant la voix sonne vrai, a tout pour être heureuse : un conjoint attentif, trois beaux enfants, de l’amour, et quoi encore. Mais comme tant d’autres de ses semblables, elle a l’impression d’être passée à côté de quelque chose d’important, et se prend à rêver. Jusqu’au jour où réapparaît, dans sa réalité d’agente d’immeubles, un amant de jeunesse… Les questions, laissées en dormance depuis trop longtemps, resurgissent : où se trouve le bonheur ? Peut-on se dire épanoui tout en reproduisant des modèles usés ? Une mère a-t-elle le droit d’être une femme ?
On redécouvre avec plaisir l’écriture vive de Fanny Britt. C’est ce qui donne sa couleur au livre, qui autrement aurait été bien banal. D’ailleurs, on s’en ennuie un peu quand cette voix s’absente pour laisser place au sérieux ou à la rêverie. Qu’est-ce que cette histoire de nostalgie de la jeunesse et du désir ? se demande-t-on alors. Pourquoi tant d’insatisfaction ?
Voilà sans doute un portrait vraisemblable du couple moderne, de la femme surtout. La popularité qu’a gagnée ce roman nous en dit beaucoup sur sa force cathartique. Pour ma part, je n’y ai pas trouvé mon compte, lui préférant le propos des Tranchées.
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