Mona Latif-Ghattas est née au Caire en 1946. Elle a émigré au Canada à l’âge de dix-neuf ans et vit à Montréal depuis plus de trente ans. Elle a publié une dizaine d’ouvrages, au Québec et en Égypte, de la poésie et des récits surtout. Dans Les filles de Sophie Barat, qu’elle classe parmi les romans, elle raconte, inspirée par la rencontre d’une amie québécoise devant l’école du Sacré-Cœur à Montréal, son enfance et son adolescence au pensionnat du Sacré-Cœur du Caire. « Quel étrange phénomène! À travers les époques, les pays, les différences culturelles, quelque chose dans ce lieu reste, pour nous deux, rigoureusement intact. Serait-ce l’âme de cette grande Dame qui a forcé d’amour notre conscience du monde et de la vie ? »
Cette grande Dame, c’est Sophie Barat, née en France, qui au début du XIXe siècle fonde la Société des religieuses du Sacré-Cœur et développe un système pédagogique personnel. Une centaine d’écoles existent encore en Égypte, au Japon, en France, au Québec, en Suisse, au Brésil et aux États-Unis. On y développe l’épanouissement personnel dans le respect de l’enfant et l’amour d’autrui. On refuse la banalité et la vulgarité. On donne une véritable formation vouée à la recherche du dépassement et de la beauté. Le programme d’études prépare au baccalauréat français tout en suivant les directives du ministère égyptien de l’Éducation, d’où l’apprentissage exigeant de la langue arabe, l’arabisation des cours d’histoire et de géographie, sans jamais abandonner l’usage de la langue française. L’auteure évoque par ailleurs la fidélité des amitiés, l’excitation des premières amours, soulignant à l’occasion la compréhension et l’ouverture d’esprit des religieuses. Son livre rend finalement un vibrant hommage à Sophie Barat qui habite toujours sa vie.