Les champs de boue dont on parle ici, c’est le spectacle peu invitant qu’offrait la berge du fleuve lorsqu’il s’est retiré, la grisaille déprimante du dégel en période d’inondation printanière qui a accompagné la découverte sur la grève du cadavre d’une jeune fille de quinze ans, tuée à coups de hache et jetée au fleuve au cours de l’hiver.
Quatre personnages font revivre les événements : l’enquêteur chargé d’élucider les circonstances du meurtre ; un homme, le père adoptif de la jeune fille ; sa femme, la mère adoptive, et enfin la jeune fille elle-même, une voisine qu’ils avaient hébergée à la mort de son père.
Le décor est constitué d’une chaise et d’une table, longue, sombre. Éclairage : à l’avenant. Les personnages ne sont pas décrits. Les indications scéniques sont pratiquement absentes. En fait, on est « dans le champ », abandonné dans un endroit pas invitant, au milieu d’une histoire sordide qui donne des frissons, qui nous fait nous sentir pris au piège. C’est le sentiment que j’ai eu. Il ne m’a pas quittée du début à la fin.
Je suis sortie de cette lecture comme j’y étais entrée : étrangère aux événements et contente de l’être.
Si c’était le but recherché, tant mieux !