En début d’année scolaire, Raphaël, neuf ans, fait la connaissance d’un couple bien étonnant, Camille et Léo, six ans. Enfants de diplomate, les jumeaux Van Broeker-Desfontaines ne sont jamais que de passage. Hébergés cette année-là chez leurs grands-parents, ils noueront avec Raphaël une amitié stimulante mais exigeante. Troublé par ces gamins mystérieux, Raphaël se laissera entraîner bien au-delà de ce que son imagination peut concevoir. Dans une atmosphère à la fois envoûtante et inquiétante, le très beau roman de Pierrette Fleutiaux raconte l’histoire de ce trio d’enfants qui partent à l’aventure vers les frontières, toujours un peu floues, de la moralité, voyage singulier qui se poursuivra à l’adolescence puis au début de l’âge adulte.
Un malaise s’installe dès les premières pages, malaise qui persiste jusqu’à la fin du livre puisque Raphaël nous raconte à rebours l’histoire de sa déroute, soit depuis sa rencontre avec les jumeaux. « Ces deux-là cultivent l’art de vous égarer, j’ai mis un certain temps à le comprendre. [ ] Ils voulaient que je sois le scribe de leur vie, à défaut d’être leur jumeau. Nous coucher tous les trois dans leur beau cahier à papier parchemin, encordonnés par nos mots de gamins. Je suppose que je le voulais aussi. » Gémellité, expériences fusionnelles, tentations inconscientes donneront lieu, chez ces enfants qui n’ont pas encore un sens de la réalité affermi, à des comportements narcissiques dont l’aboutissement, à l’adolescence, aura des conséquences dramatiques.
Interpellant tour à tour son psychologue et Natacha, une jeune écrivaine entrevue au Mali, Raphaël, début vingtaine, tente d’exorciser un passé encore récent tout en consolidant une vocation naissante d’écrivain. En tentant de rattacher les fils cassés de sa vie, il revisite son enfance puis son adolescence afin d’expliquer à ses juges ce qui s’est réellement passé en un jour fatidique dans le studio des jumeaux. Les amants imparfaits raconte l’histoire bouleversante d’une amitié absolue.