Cet ouvrage sur la vie et l’œuvre de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir est écrit sous la forme d’un récit parfois teinté de couleurs romanesques. Il est fondé sur des entretiens entre l’auteure et Simone de Beauvoir s’échelonnant sur les seize dernières années de son existence et sur de nombreuses conversations avec la sœur de celle-ci, Hélène de Beauvoir. On remarquera, à cet égard, une parenté avec le livre de John Gérassi, Sartre, conscience haïe de son siècle (du Rocher, 1992), qui repose en partie sur des entretiens avec Sartre.
Nous apprenons, ici, ce que l’on savait déjà. Que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir viennent de milieux bourgeois conservateurs, qu’ils vont se libérer de ce conformisme gênant à travers leurs lectures, l’écriture et – beaucoup plus tard – par l’engagement social et politique. Mais c’est toujours l’écriture qui, en toutes circonstances, leur a permis de comprendre et de dépasser les contradictions inhérentes à leur situation et plus largement à l’Histoire. Nous sommes, ainsi, en présence d’une dialectique écriture/libération qui sera au fondement de deux existences qui ont parcouru presque tout le XXe siècle.
On a souvent l’impression que Claudine Monteil suit de très près les Mémoires de Simone de Beauvoir, même si son livre est vivant et bien documenté. C’est dire que si l’on a fréquenté ces écrits autobiographiques, ce sont « choses vues ». À cet égard, la biographie d’Annie Cohen-Solal, Sartre (Gallimard, 1985), est plus pénétrante et pertinente que ce livre plutôt impressionniste, mais il invite à visiter ou à revisiter deux immenses œuvres qui éclairent le siècle à partir de ses débuts.