Pour son entrée dans le monde des romanciers, Hugo Roy a créé des héros dont la singularité n’entache en rien la crédibilité. Au contraire, ces personnages quelque peu marginaux sont, paradoxalement – et chacun à sa façon -, plutôt bien intégrés au monde dans lequel ils évoluent. À une exception près cependant : Louis Dugal, l’écrivain misanthrope, se terre dans son bureau pour accoucher avec douleur de ses romans qui le consacrent comme figure marquante du domaine littéraire québécois. Toutefois, le personnage principal de L’envie n’est pas Louis Dugal mais bien le trafiquant d’œuvres d’art, Claude Dufort, un homme apparemment doux comme un agneau mais fort bien intégré dans le monde interlope italien et de Montréal.
À l’occasion de la mort de Dugal, Dufort nous raconte sa vie et celle de ses amis Maxime, Martine, Vincenzo et Paolo. Claude Dufort, qui n’a pourtant rien à envier à Dugal, est fasciné par l’auteur qui se trouve être le mari de la femme qu’il aime. Tout au long du livre, on découvre jusqu’à quel point la vie des deux hommes est liée. Mauvais second, Dufort, à sa manière, rivalise avec Dugal, et ce, jusqu’au dernier moment : « Tout devenait clair désormais : j’étais un envieux assez accompli pour envier jusqu’à la mort d’un autre ».
Soulignons que l’éditeur n’exagère en rien quand il qualifie l’écriture de Roy de vive et parodique. En effet, Hugo Roy a la plume (…ou le clavier) alerte ! En plus de conduire habilement une intrigue qui témoigne d’une imagination fertile, l’auteur séduit par un style où affleure une certaine fantaisie toute spontanée. Espérons que Hugo Roy récidivera… pour le plus grand bonheur des adeptes qu’il ne manquera pas de se faire et dont je suis ! L’envie, voilà un premier roman captivant qui ne devrait pas passer inaperçu !