Quinn Laramie écrit des best-sellers pour adolescents. Sans abuser, on pourrait dire que son créateur, Maurice Elia, a écrit avec L’embrasseuse une fiction à mi-chemin entre le roman pour adolescents et le roman pour adultes. Qui a déteint sur qui ? La question reste entière puisque c’est le premier livre que je lis de cet auteur.
Une adolescente disparaît. La mère fait appel à Quinn, le fils écrivain de la femme de son père, pour tenter de la retrouver. Perspicace, le créateur de Kelly Afternoon, sa célèbre héroïne, découvre l’endroit où s’est réfugiée la fugueuse. Il part donc la retrouver pour la ramener au bercail. Or la jeune Misty voit les choses autrement. « Chastement » amoureuse de Quinn, mais pas vraiment vertueuse, la petite joue de ses charmes et prend le contrôle de la situation.
L’histoire est vraisemblable… à quelques détails près. Mais réaliste ? Peut-être enfin n’était-ce pas dans le projet de l’auteur de faire dans le réalisme… Bref, l’histoire de cette adolescente de tout juste quatorze ans qui parle comme une adulte accomplie m’a maintes fois décroché, je dois l’avouer, un petit sourire moqueur. Cette ado de « fin de millénaire », comme la qualifie l’auteur, a de quoi surprendre et faire rougir bien des femmes dont elle pourrait être la fille ! En effet, aux charmes indéniables de la nymphette s’ajoutent des qualités intellectuelles exceptionnelles, un vocabulaire qui ravirait de nombreux parents lettrés, une assurance pour le moins surprenante et un aplomb imperturbable. Heureusement, les derniers chapitres gagnent en profondeur et suggèrent une réflexion sur le monde des adolescents et le peu de crédibilité que souvent, malheureusement, les adultes leur accordent.
Somme toute un récit divertissant, bien écrit et d’une indulgence louable qui aurait assurément plu à l’adolescente romantique que j’ai été…