Dans l’avant-propos de l’essai dont elle a dirigé la publication avec Annette Hayward, Lucie Joubert présente les huit études du livre comme des « pistes de réflexion [qui] sont autant d’invitations à poser un regard neuf sur des personnages laissés-pour-compte dans la société mais qui occupent depuis toujours une grande place dans la littérature ».
Quatre collaboratrices ont choisi de se pencher sur les œuvres d’un écrivain ou d’une écrivaine en particulier : c’est le cas de Geneviève Sicotte (Émile Zola), d’Isabelle Boisclair (Adrienne Choquette), de Kathleen Kellett-Betsos (Louise Maheux-Forcier) et de Caroline Barrett (Francine Noël). Les autres ont préféré débusquer un motif précis dans les textes de deux ou plusieurs auteurs ou auteures : le passage de la vieille fille à la célibataire (Maïr Verthuy), les religieuses ratées (Annette Hayward), la solitude au féminin (Marilyn Randall) et les écarts de perception de la vieille fille dans des récits d’hommes et de femmes (Lucie Joubert).
On appréciera sans doute diversement ces différentes contributions d’universitaires, qui, toutes, soulignent la vision largement négative du personnage littéraire étudié. Sera-t-on toujours en accord avec le militantisme féministe modéré qui sourd de la majorité des textes ? Aurait-on pu dénoncer plus vertement la « misogynie galopante » d’un Christian Mistral et d’un Dany Laferrière, ou le traditionnalisme stéréotypé des femmes d’une Colette ? Je me réjouis pour ma part que dans ce concert thématique où le contenu a fortement tendance à occulter le contenant, il se soit trouvé quelques collaboratrices pour aborder dans les œuvres convoquées, même rapidement, des aspects formels comme le rôle de l’opposant (au sens d’Algirdas Julien Greimas), chez Geneviève Sicotte, ou le postmodernisme, chez Annette Hayward (sous l’angle de l’intertextualité) et chez Caroline Barrett (qui touche à l’autoreprésentation). La « nouveauté » du regard postulée ne se trouverait-elle pas là aussi, sinon d’abord ?