La collection « Bouquins » des éditions Robert Laffont ajoute une nouvelle destination à sa série d’anthologies d’écrits de voyage. Après l’Orient, l’Italie, la Russie, l’Inde, l’Asie centrale, la Chine, la Polynésie, la France, la Suisse, la Grande-Bretagne, l’Afrique, la Scandinavie et le Japon, cette quatorzième anthologie regroupe les textes de soixante-quinze voyageurs, surtout des Français, qui ont visité la Grèce du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Pour la plupart de ces voyageurs, dont plusieurs sont connus (François-René de Chateaubriand, Lord Byron, Alphonse de Lamartine, Gustave Flaubert, Mark Twain, Sigmund Freud, Simone de Beauvoir, Roland Barthes, Michel Butor, etc.), le voyage correspond à la réalisation d’un rêve. À cela rien d’étonnant quand on songe à la signification mythique de la Grèce, une signification héritée de toute une tradition culturelle qui la représente comme le berceau des grandes civilisations et la patrie des arts et des lettres. En fait, si les pèlerins, les marchands et les chargés de missions qui circulent en Grèce à l’époque médiévale ne montrent en général que peu d’intérêt pour les vestiges de la culture classique, il en va tout autrement à partir de la Renaissance qui, comme on le sait, a eu, parmi d’autres caractéristiques, celle de faire renaître les valeurs de l’Antiquité gréco-latine dans la civilisation européenne. Dès lors, de plus en plus nombreux sont les voyageurs, nobles, écrivains, étudiants, archéologues, touristes, etc., qui se rendent au pays de l’Odyssée afin d’effectuer un voyage dans le temps et dans les livres, de visiter les ruines pour retrouver les traces d’un passé prestigieux, de parcourir la patrie d’Homère et de Démosthène, le pays d’Athéna et d’Hermès. Au demeurant, le voyage comporte une dimension proprement initiatique. Comme le signale Hervé Duchêne, « tous les voyageurs s’inspirent de la sorte, peu ou prou, du modèle commode que leur fournit le récit initiatique de l’Odyssée ». Certes, la plupart des voyageurs sont souvent « frappés par le contraste entre l’éclat des images de la Grèce antique peuplant leur mémoire et les tristes réalités découvertes sur le terrain ». Mais ils ne sont pas moins marqués par la richesse de la culture hellénique, par les monuments, les paysages et les mSurs empreintes tantôt de majesté antique, tantôt de pittoresque moderne. Même un auteur iconoclaste comme Raymond Queneau en témoigne : « […] je n’en [de la Grèce] attendais rien, écrit-il, j’en suis revenu autre ».
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